La maladie rénale (“néphropathie”), ou insuffisance rénale (IR), caractérise la diminution plus ou moins importante des fonctions des reins, quelle qu’en soit la cause, incapacité qui peut être provisoire (“IR aiguë”) ou définitive (“IR chronique”).
Une insuffisance rénale aiguë peut disparaître si un traitement adapté parvient à neutraliser ses causes. Dans les cas d'insuffisance rénale chronique (IRC), par contre, la maladie rénale en cause est irréversible, sans possibilité de guérison.
L'IR se traduit d’abord par des anomalies de certains examens biologiques comme l'augmentation de l'albumine dans les urines ou de la créatinine et de l'urée dans le sang. C’est une maladie d’évolution progressive et longtemps silencieuse. Le sang est peu à peu empoisonné par la rétention des toxines et des déchets qui s'accumulent, la rétention excessive d'eau et de sel peut être rapidement catastrophique par l'apparition en particulier d'œdèmeœdème : gonflement des tissus corporels par accumulation d'eau. pulmonaire. A l'inverse, l'IR peut être responsable de déshydratation si les apports en eau ne sont pas adaptés au volume urinaire. L'évolution naturelle, plus ou moins lente, peut aller jusqu’à la perte totale de la fonction rénale. C'est alors le stade de l’insuffisance rénale terminale, nécessitant un traitement de suppléance par dialyse et/ou greffe de rein.
La dégradation du système rénal, caractérisée par une diminution du nombre des néphrons, peut être due à des infections répétées, des agents chimiquesagents chimiques industriels : métaux lourds, hydrocarbures, produits à usage agricole : herbicides, pesticides...
Ces agents chimiques peuvent provenir d'une activité industrielle polluante mais aussi, trop souvent, de déchets "domestiques" abandonnés sans précaution et qui contaminent peu à peu les nappes phréatiques, avant d'empoisonner les populations.
Les piles électriques, si sympathiques tant qu'elles alimentent les "transistors", deviennent ainsi de redoutables poisons lorsque, usées et jetées au sol, elles se dégradent lentement et libèrent leurs composants hautement nocifs.
industriels, certains médicamentsLa toxicité rénale d’origine médicamenteuse
(extraits d'un exposé du Pr Lamine Kaba, néphrologue, 19.02.2014)
La toxicité par l’effet direct des médicaments sur le rein est un fait couramment observé dans la pratique médicale.
En effet les médicaments administrés, après leur action sur la cible, sont éliminés du corps par plusieurs voies, dont la voie urinaire.
Le danger existe au niveau de la molécule (substance à principe actif), mais aussi du non-respect du délai de péremption, du surdosage par rapport à l’âge,
à l’état de fonctionnement des reins et du foie. Dans les conditions normales la dose du médicament prescrit est adaptée à l’état du patient (poids, surface corporelle, âge, état de fonctionnement des reins...).
Les médicaments réputés toxiques pour les reins sont connus. L’usage à forte dose et sur une durée prolongée exposerait à une toxicité rénale.
Il s’agit principalement de certains anti douleurs tels que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène), certains antibiotiques tels que les aminosides (gentamycine), certains médicaments contre le cancer...
Ceci dit, plus que du médicament en tant que tel, le danger provient de la dose exagérée ou de la durée excessive du traitement.
C’est pour ces raisons que le domaine des médicaments doit être réservé aux professionnels, médecins et pharmaciens, qui ont la formation et la compétence pour les prescrire et les dispenser.
Pour préserver notre santé et nos reins :
- pas de médicaments en dehors d'une prescription médicale
- ne pas dépasser les quantités prescrites, ni la durée du traitement
- les "médicaments" des ventes de rue sont au mieux inefficaces, au pire dangereux
- la consommation abusive de plantes à principe actif non identifié peut aussi être toxique
- boire au moins 1,5 l d'eau au long de la journée (les boissons sucrées ou alcoolisées sont nocives)
- uriner dès que l’envie s'en fait sentir
- préserver sa santé par un exercice physique régulier, une nourriture peu grasse, peu sucrée, peu salée, cinq portions de fruits et légumes par jour, pas de tabac, pas d’alcool, pas de drogues
- surveiller son poids et son taux de cholestérol.
. Elle peut aussi être la conséquence d'anomalies génétiques. Mais le diabète et l'hypertension artérielle restent les facteurs les plus fréquemment identifiés, soit directement, soit en tant que cause indirecte en amont.
Le rapport 2010 du registre REIN indique comme causes de l'insuffisance rénale (au stade de la dialyse) :
- diabète | 22% | |
- hypertension, néphropathies vasculaires | 24% | (dégradation des vaisseaux, notamment par hypertension) |
- néphropathies glomérulaires | 11% | (atteinte des glomérules) |
- polykystose rénale | 6% | (maladie génétique formant des kystes multiples sur le rein) |
- néphropathies interstitielles et pyélonéphrites | 4% | (dégradation du tissu soutenant néphrons ou bassinets) |
- autres | 16% | |
- causes inconnues | 17% |
On constate que diabète
Diabète
Selon l'OMS et l'Institut Pasteur :
- plus de 180 millions de diabétiques dans le monde et ce chiffre pourrait doubler d'ici 2030
- les morts du diabète en 2005 seraient entre 1,1 million (diabète comme cause directe)
et 2,9 millions (cause indirecte mais déterminante), dont près de 80 % dans les pays à revenu faible ou moyen
- près de la moitié des décès imputables au diabète surviennent chez des personnes de moins de 70 ans
- 55 % des personnes qui meurent de diabète sont des femmes
et hypertension artérielle sont la cause de près de la moitié des cas d'insuffisance rénale ! Le rein, abondamment pourvu en vaisseaux sanguins, est
la cible privilégiée du diabète, qui se caractérise par l'altération précoce des artérioles et des artères (œil, cœur, membres inférieurs,
cerveau, reins). De la même façon, il a été clairement démontré que l'hypertension artérielle représente un facteur de risque de survenue d'une insuffisance rénale terminale, sans préjuger du caractère primitif ou secondaire de l'atteinte rénale.
En 2007, on dénombrait en France 2,5 millions d'insuffisants rénaux chroniques, dont 55 000 en phase terminale (60% sous dialyse et 40% ayant reçu une greffe), et l'on estime qu'il existerait au moins autant de cas non diagnostiqués. Les taux observés en Europe sont comparables, mais plus élevés encore aux Etats-Unis ou au Japon.
Or on observe que le risque s'élève avec l'âge, principalement du fait de l'aggravation naturelle des atteintes vasculaires chez la personne âgée. On peut donc craindre une augmentation des cas d'insuffisance rénale à mesure que s'élève l'espérance de vie des populations. Les campagnes de dépistage et de prévention pourraient contribuer à ralentir cette évolution.
Les données épidémiologiques pour la Guinée, comme d'ailleurs pour la majorité des pays africains, restent encore embryonnaires. Toutefois, les observations en milieu hospitalier relèvent une présence importante de diabète et d'hypertension artérielle (deux causes majeures des pathologies rénales), tout particulièrement en zones urbaines. Celles-ci regroupaient déjà 35% de la population en 2006 et sont en rapide croissance, ce qui donne à craindre une augmentation des cas d'insuffisance rénale, déjà cause importante de mortalité en Guinée.
En Afrique sub-saharienne la prévalenceLa “prévalence” d'une maladie exprime le pourcentage (en “pmh” : par million d'habitants) de personnes qui en sont affectées dans une population donnée. de l'hypertension artérielle est très élevée et porte sur des sujets jeunes, qui développent précocement des complications vasculaires, dont l'insuffisance rénale. Les données relevées en France fournissent peut-être une piste indirecte :
Ces éléments, sans permettre une conclusion formelle, semblent indiquer que les populations d'origine africaine, prédominantes dans ces territoires, pourraient présenter une sensibilité spécifique aux maladies rénales. Des études épidémiologiques africaines nous en apprendront sans doute plus dans l'avenir, mais dans l'immédiat ce facteur ne peut que renforcer la détermination des néphrologues guinéens dans leur projet de dépistage et prévention à l'échelle nationale.