La Maladie Rénale Chronique (MRC) constitue un problème mondial majeur de santé publique, dont l'ampleur réelle en Afrique demeure inconnue. Malgré les progrès réalisés dans l’identification, la prévention, le traitement de la phase terminale, ces domaines restent un grand défi en Afrique sub-saharienne en raison de l’insuffisance des ressources nécessaires (humaines, matérielles et financières).
Compte tenu de l’augmentation de l’incidence et de la prévalenceincidence : nombre de nouveaux cas d'une maladie sur une période donnée (année, par exemple)
prévalence : nombre de cas actuels d'une maladie constatés à un instant donné de la MRC dans les pays en voie de développement, où les possibilités de dialysedialyse : procédé de filtration se substituant aux reins lorsque ceux-ci ne sont plus en état d'assurer leur fonction
Deux procédés existent : dialyse péritonéale, hémodialyse (voir la page Traitement de l'IR) sont limitées voire inexistantes (coûts prohibitifs), compte-tenu de son potentiel évolutif, des comorbidités associées et de la mortalité par insuffisance rénale chronique (IRC), l’identification précoce des personnes à haut risque de MRC et l’application de traitements préventifs sont donc d’une extrême importance.
Les symptômes du dysfonctionnement rénal sont le plus souvent discrets et peu spécifiques, ce qui peut expliquer le retard habituel du diagnostic et justifie des programmes de dépistage systématique des facteurs potentiels d'une insuffisance rénale, particulièrement le diabète et l'hypertension artérielle, responsables de près de la moitié des insuffisances rénales. Compte-tenu du taux de mortalité par insuffisance rénale constaté en Guinée, il était de première importance de diffuser parmi les personnels de santé, dans tout le pays, les connaissances nécessaires pour un dépistage précoce.
L'étape initiale du programme de prévention des maladies rénales en Guinée a consisté à sensibiliser et former les personnels de santé, premiers contacts du patient, au dépistage de l'insuffisance rénale, ainsi que du diabète et de l'hypertension artérielle. Une formation a été dispensée dans chacune des régions de la Guinée, Kindia en 2008, Labé en 2011, Kankan et Nzérékoré en 2012. Soixante et onze personnels de santé, dont 64 médecins, ont ainsi été formés, avec mission de rediffusion vers l'ensemble du corps sanitaire.
Par ailleurs, en liaison avec les néphrologues de la capitale, ils participent à un suivi qui permettra une meilleure connaissance épidémiologique du terrain. Au cours des rencontres des problèmes ont pu être identifiés, notamment la difficulté de trouver des laboratoires opérationnels pour le dosage de la créatinine.
Chaque participant aux sessions
Organisation type d'une session
Matinées dédiées aux aspects cliniques, après-midi à des TP avec élaboration d'un Mode Opératoire (M-O).
J1Rappels anatomie, physiologie rénale, Evaluation de la fonction rénale, clairance et degré d'IRC
Groupes à risque de maladies rénales et Néphrovigilance, Gestion documentaire
Ap.midi: démonstration, travaux en sous-groupe (M-O : bandelette urinaire)
J2Hypertension artérielle, facteurs de risques cardio-vasculaires, objectifs tensionnels,
régime normal et régime hyposodé, mesure de la Pression Artérielle
Ap.midi: démonstration, travaux en sous-groupe (M-O : mesure de la Pression Artérielle)
J3Diabète et rein, régime équilibré et régime diabétique
Mesure de la glycémie capillaire, Cockcroft et IMC, Néphrotoxicité des médicaments
Ap.midi: démonstration, travaux en sous-groupe (M-O : Equilibre alimentaire)
J4Expérience guinéenne dans la prise en charge des maladies rénales. Epidémiologie de l'IRC en Guinée.
Régime de l'IRC. Prévention des glomérulonéphrites post streptococciques.
Néphrologie de liaison, registre, création de réseaux de soins
Dossier du patient, registre, réseau de néphrologie
Ap.midi: démonstration, travaux en sous-groupe (M-O : Dossier du patient)
de formation recevait une documentation ainsi qu'une dotation initiale en matériel
Dotation en matériel de néphrovigilance
réglette pour le calcul de la clairance de la créatinine, table pour le calcul de l’indice de masse corporelle (IMC), calculette, toise, tensiomètre et stéthoscope, glucomètre avec autopiqueur, lancettes et bandelettes, bandelettes urinaires
de néphrovigilance.
Les évaluations ultérieures de ces formations ont montré des résultats très positifs. Tous les participants contactés avaient pu mettre en pratique les connaissances acquises et les modes opératoires, et les avaient largement rediffusés auprès des professionnels médicaux de leur entourage. Pour le seul atelier de Kindia, après une année : 325 professionnels sensibilisés, 871 patients diagnostiqués "à risque" et 65 orientés vers le Service de Néphrologie de l’hôpital Donka à Conakry.
Les personnels de santé initiés à la néphrologie sont répartis sur le territoire, souvent éloignés de la capitale. Les compétences acquises leur permettent de diagnostiquer les maladies rénales, les prévenir, apporter un premier niveau de soin, mais les cas graves nécessitent le transfert des patients sur les structures de Conakry. Pour offrir un soin de proximité et désengorger les services néphrologiques de la capitale, il est nécessaire de créer des Unités Régionales de Néphrologie, vivement réclamées lors des formations. Leur mission sera de prendre en charge les malades souffrant de maladies rénales chroniques avant le stade terminal de l’insuffisance rénale :
Cette étape a débuté en décembre 2011 par l'ouverture d'une première Unité de Néphrologie, au sein de l’Hôpital Régional de Kindia (U.N.H.R.K) et par la formation des personnels compétents.